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Dr. Mireille Tardy – Orl - Phoniatre
Sébastien Lazzarotto – Orthophoniste

 

L’audition est la faculté de percevoir, reconnaitre et comprendre le monde sonore, dont le langage et la parole font partie.
Percevoir, c’est détecter des sons. Mais ensuite, il est nécessaire de les localiser. Puis, il est tout aussi nécessaire, et généralement en même temps de les reconnaitre, de leur donner du sens. Généralement, ce « travail » se fait après traitement des informations sonores dont l’oreille va analyser les caractères physiques :


- hauteur ou fréquence des sons, analysée par l’oreille interne, en fonction de la localisation de la vibration parmi les cellules ciliées puis par les relais nerveux et les centres cérébraux de l’audition
- Intensité des sons : décodée par le nombre de cellules ciliées intéressées par la vibration
- Durée de l’émission, là encore décodée dès l’oreille interne, par la durée de l’excitation cellulaire, puis décodage et traitement se finalisant dans les centres nerveux.
L’ensemble de ces traitements permet des réponses, motrices, émotionnelles ou de langage. Mais pour que ces réponses soient pertinentes, encore faut-il que la perception, puis le décodage et le traitement de l’information sonore soient corrects.
Généralement, le traitement est correct.
Bien sûr, dans certains cas, chez les personnes âgées en particulier, lorsqu’elles sont atteintes de certaines maladies dégénératives par exemple, ou en cas de maladies cérébrales, le traitement de l’information sonore par les centres nerveux est incorrect, le circuit audiophonatoire est altéré, le langage est perturbé à la fois dans ce qui est produit et dans son contenu que dans ce qui est reçu.

 

Certains troubles peuvent altérer cette belle mécanique

Mais dans la plupart des cas, seule, la perception auditive est incorrecte, entrainant un décodage forcément incomplet et des erreurs ou des insuffisances dans l’information auditive. La personne atteinte de ce qui est une déficience de l’audition va cependant dans la plupart des cas pouvoir entendre ou continuer à le faire. Mais si la perception est encore possible, la reconnaissance et surtout la compréhension  du monde sonore  va mal se faire, entrainant des non réponses ou des réponses erronées, avec sur le plan moteur des risques d’accident (la personne ne perçoit pas la voiture qui arrive, n’apprécie plus sa vitesse, ou bien encore elle ne localise plus très bien les bruits avec les risques de chute que cela peut aussi représenté. Tandis que sur le plan de la communication orale, les risques d’erreurs peuvent être importants (mauvaise compréhension de consignes, échanges quotidiens perturbés, difficultés scolaires…)

 

Le langage, le moyen universel pour l’homme de communiquer

Le langage est en effet la capacité de communiquer, d’entrer en relation avec quelqu’un, au moyen de la parole articulée.
Celle-ci est faite d’une succession de sons, prédéterminés selon le système de langue ou code employé dans le pays de l’auditeur, et réalisés par la mise en mouvement d’organes non spécifiques, pour articuler les sons de cette langue combinés en mots, puis en phrases.
Chaque son de la langue a des caractères acoustiques déterminés en fonction des mouvements de ces organes, « programmés » pour donner le résultat sonore escompté.

 

Un peu de technique pour mieux comprendre

Le champ auditif humain est vaste : 20-20 000 Hertz, et la perception du langage n’en occupe qu’une partie, puisque la parole occupe un champ sonore de 90 à 10 000Hertz à peu près. De même, sur le plan des intensités, si le champ auditif permet d’entendre des sons jusqu’à 110 dB sans douleurs, ce ne peut être que pour quelques secondes sans danger. Par contre, un auditeur normal entend les sons à l’intérieur du champ fréquentiel à  un volume dit de 0 dB relatif (plus petite pression sonore entrainant une sensation auditive chez des jeunes gens d’une vingtaine d’années). Mais  l’intensité de la parole telle qu’elle est émise par les organes de la phonation se situe dans des limites beaucoup plus importantes naturellement, et ainsi le langage peut être compris par un auditeur : l’intensité de la voix criée se situe à 80 dB et l’intensité de la voix chuchotée est à 45 dB (25 dB sans souffle). L’intensité moyenne d’une voix de conversation normale se situe quant à elle entre 60 et 70 dB.


Mais il ne suffit pas de percevoir la voix pour être à l’aise avec le langage de l’autre. Comprendre le langage et la parole nécessite d’entendre mieux que ce qui est nécessaire pour percevoir et l’expérience montre que pour comprendre à l’aise ce que dit l’autre à 1 mètre, il faut que cet autre émette au moins à 40 db au-dessus du seuil de perception de son auditeur.

 

Le langage s’apprend : tout d’abord la langue maternelle par le petit enfant, puis une autre langue par un apprenant de tout âge qui veut communiquer avec d’autres peuples que celui auquel il appartient et dont il utilise la langue.
Pour apprendre une langue, que ce soit le petit enfant ou l’apprenant plus tardif, il est nécessaire de l’entendre, et l’apprentissage se fera par imitation-répétition autocorrigée jusqu’à ce que l’articulation, la segmentation des mots, leur sens et leur enchainement dans la phrase soit corrects et compris de tous.
Cet apprentissage nécessite de bien comprendre celui qui parle et qui permet cet apprentissage.
C’est pour cela que le dépistage d’un trouble de l’audition est si important à tout âge, mais en particulier chez l’enfant jeune, dès la naissance car l’apprentissage de la langue débute alors (et même avant), mais aussi tout au long de son enfance car l’essentiel de la langue orale n’est maitrisé que vers 6/7 ans.
Mais l’apprentissage se poursuit toute la vie et une bonne audition est nécessaire tout au long de la vie pour cela.


Bien sûr, l’écrit aidera.


Mais la parole orale va véhiculer les « explications » données par l’enseignant, pour tous les apprentissages de l’école, dans toutes les matières, avant que l’écrit ne les soutiennent et ne les fixent.

 

L’apprentissage des mots nouveaux

Mais cela ne s’arrête pas là car les apprentissages de mots nouveaux se poursuivent : mots nouveaux liés au vocabulaire du sport, des loisirs, pour les jeunes et les moins jeunes (adultes et surtout seniors qui se mettent au sport, à l’apprentissage du bridge, ou autres jeux à règles, ou qui ayant du temps disponible, vont suivre des conférences, vont faire des voyages culturels avec accompagnateurs…).
Mais aussi mots nouveaux du travailleur dans un premier ou un nouvel emploi…
Mais le langage, c’est aussi plus simplement, plus familièrement, la relation à l’autre : la relation familiale, au quotidien, la relation avec les proches et les amis, les repas et fêtes entre amis. Ce sont les échanges au quotidien, consignes, discussion…ce sont les paroles d’affection et d’amitié, ce sont les histoires ou les blagues que l’on se raconte en famille ou entre amis, les discussions sur des sujets d’actualité qui font la trame des rencontres.


Le langage, c’est aussi le travail, les consignes du travail lui-même, de sécurité, de planning, parfois, les réunions, les rapports sur son travail à défendre, les contacts avec les autres, pairs ou supérieurs, le téléphone, ou sur un chantier ou à l’usine, les codes de sécurité…
Mais le langage est vivant : il évolue dans ses mots, dans sa prononciation, en fonction de l’âge, des groupes auxquels on appartient, de ce que l’on a à dire, de ses intentions et ses émotions…
Aussi, parfois, les personnes ont subitement l’impression de ne plus comprendre leur environnement ; leur entourage, et pensent que les gens évoluent, font moins attention, sont plus pressés…Mais bien souvent, la vraie raison de ces difficultés est une altération de leur audition.
Quel que soit l’âge de la personne atteinte, elle ne dira rien au début, inquiète cependant mais en rendant responsable l’environnement, le prof, les collègues de travail, de sport, leur entourage familial. L’amertume les envahit et elles font des efforts pour se maintenir à niveau mais s’épuisent d’autant plus qu’elles ont beaucoup de ressentiment contre cet autre peu attentif sans oser lui en parler.


Puis les choses peuvent se compliquer si un champ auditif parcellaire entier est touché : les consonnes constrictives (s, ch, f, z, j, v) sont touchées lorsque le déficit est marqué dans le champ aigu -3 000/6 000 Hz-, et les mots les contenant sont mal reconnus ; ou bien ce sont les occlusives (mpb, tnd, kg), qui sont mal reconnues si il s’agit plutôt des fréquences graves …les voyelles pouvant aussi être confondues. Les personnes remarquent avoir du mal avec certains mots qu’elles confondent ou ne reconnaissent plus (bébé n’est plus reconnu par rapport à pépé ou mémé par ex, toi ou noix…) elles ne comprennent pas ce qui arrivent et leur entourage qui le remarque s’inquiète de ces difficultés. Des erreurs arrivent au travail, la participation en groupe est difficile, et dès qu’il y a du bruit, la compréhension du langage est difficile pour ne pas dire impossible : les repas et réunions de famille ou d’amis deviennent douloureux, regarder la TV est un supplice car le moindre film, la moindre série est sonorisée musicalement et l’augmentation de volume ne permet pas une meilleure compréhension bien au contraire puisque tout est augmenté.
L’incompréhension est manifeste car bien souvent les bruits continuent à être perçus et parfois de manière plus importante qu’avant avec plus de gêne même pour des bruits moindres alors que les mots le sont moins , car en fait certains déficits auditifs s’accompagnent d’hyperacousie.
Ainsi, la personne est mal à l’école, au travail, ne comprenant que mal les consignes ou les cours, mal en groupe avec ses pairs qu’elle comprend moins tout en étant gênée par leur parole !
Le senior actif perd l’envie de suivre ses cours de sport ou de loisirs, ne se rend plus au cinéma et fuit les lieux festifs qu’il avait tellement envie de fréquenter alors qu’il avait du temps pour le faire.
Par ailleurs, la personne âgée fuit les rencontres avec les voisins ou les clubs, fuit les rencontres pourtant nécessaires avec son médecin, son dentiste, sa pédicure,…et même son coiffeur où le bruit du séchoir augmente sa détresse.

 


L’importance du dépistage

Un dépistage auditif est pourtant nécessaire à tous âges pour reconnaitre ces difficultés et proposer les traitements et soins adéquats : traitement médical voire chirurgical dans certains cas, appareillage auditif par des prothèses de plus en plus performantes, légères et très discrètes actuellement, voire même implant cochléaire dans les cas les plus graves. Tout ceci permettant de corriger le déficit auditif et donc de rendre sa place dans la société à la personne en difficulté auditive et de relation par le langage. L’aide d’un orthophoniste, parfois d’un psychologue sera importante pour restaurer son image et ses possibilités le plus rapidement possible.
Par contre, ce problème des rapports si étroits de l’audition et du langage interrogent aussi la société tout entière avec différents problèmes :
Le problème du prix et du financement des prothèses auditives chez l’adulte, toujours mal pris en compte alors que le remboursement de l’implant cochléaire est acquis en double !
- Le problème de l’équipement des lieux de loisirs publics et privés (salles de sport, théâtres...pour rendre les lieux plus accessibles aux personnes déficientes auditives (boucles magnétiques par exemple)
- Le problème de l’accessibilité des personnes déficientes auditives et sourdes à l’information en langue des signes si elles le souhaitent à la TV
- Le problème de l’accueil des personnes déficientes auditives auprès des administrations et tous lieux publics : un effort est fait parfois vers un accueil en LSF, mais celle-ci est usitée par les seules personnes sourdes profondes (400 à 500 000 dont toutes ne gestuent pas) mais peu de chose est faite pour accueillir des personnes appareillées qui attendent un accueil en boucle magnétique ou amplificateur.
C’est par une telle prise de conscience de citoyens solidaires et responsables que le sort des personnes en difficulté dans leur audition et leur langage verront leurs possibilités reconnues et pourront eux aussi participer à la vie citoyenne aux côtés de tous leurs pairs attentifs à leur bien-être.

 

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